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Interview de Stéphane Cochener, responsable de la gestion sous mandat chez Dubly Transatlantique Gestion.
Bilan de l’évolution des deux dernières années sur les différentes classes d’actifs
Après une année 2021 qui actait la sortie de la pandémie de Covid avec une croissance retrouvée, l’année 2022 aura été particulièrement difficile sur l’ensemble des marchés financiers, car en dehors de l’or (+6% en euros) et du dollar (également en progression de 6%), aucune classe d’actifs n’aura affiché une performance positive. Dressons un bilan consécutif et cumulatif de ces deux années.
Commençons par les marchés obligataires avec ce graphique reprenant l’évolution des grands indices obligataires sur les deux dernières années. En bleu, les performances de 2021 ; en orange, celles de 2022 et en gris, la performance cumulée sur les deux années.
Bilan des indices obligataires sur les 2 dernières années (2021-2022) et en cumulé sur 2 ans
On constate ainsi qu’en 2021, les marchés obligataires ont commencé à s’inquiéter de la résurgence de l’inflation, conséquence d’une demande très robuste des ménages et des entreprises, dans un contexte de fortes tensions sur les chaînes d’approvisionnement, alors même que les banques centrales qualifiaient cette inflation de transitoire. Dès lors, les investisseurs ont exigé un meilleur rendement de leurs actifs au regard des risques qu’ils prenaient. On constate ainsi une stabilité voire une baisse des cours sur toutes les catégories d’obligations en dehors des obligations à haut rendement qui ont profité d’un portage conséquent tout au long de l’année.
Le véritable krach obligataire a eu lieu en 2022, car les banques centrales ont acté le caractère plus structurel de l’inflation dès janvier 2022, et de transitoire, l’inflation est devenue pour les banques centrales une hydre à combattre quel qu’en soit le prix sur la croissance ou sur le niveau de l’emploi. Dès lors, une phase de hausse des taux s’est matérialisée en faisant passer sur 2022 les taux Fed Funds américains de 0,25% à 4,50% et les taux de la zone euro de -0,5% à 2%.
Ainsi, l’obligation 10 ans américaine a vu son cours baisser de 16% durant l’année après une baisse de 4% en 2021, soit une baisse de 20% sur deux ans. De la même façon, l’obligation allemande à 10 ans perd sur l’année 22% après avoir fait du surplace en 2021. Cela fait près de 30 ans et la crise obligataire de 1994, que les obligations ont perdu autant de leur valeur.
Comment ont réagi les marchés d’actions sur cette même période ?
Nous vous présentons ici le tableau de l’évolution des grands indices mondiaux en euros sur les deux dernières années et en cumulé avec les mêmes codes couleur
Bilan des indices actions sur les 2 dernières années (2021-2022) et en cumulé sur 2 ans (en euros pour un investisseur européen)
Pour un investisseur européen, la hausse du dollar sur l’année 2022 a atténué l’évolution négative des grands indices. Toutefois, la chute des grands indices mondiaux a été conséquente. -28,30% sur le Nasdaq, représentatif des valeurs technologiques, -12,6% sur le MSCI Monde, -8,7% sur l’Eurostoxx 50, quand le Cac 40 soutenu par une forte pondération de Total Energie et du luxe, aura affiché une baisse de 6,7% (tous ces chiffres étant en euros et dividendes réinvestis).
Sur deux ans, le constat est très différent. L’année 2021, en forte reprise après le choc économique dû à la pandémie de Covid a permis aux indices actions de bien performer. Ainsi, toujours en euros et dividendes réinvestis, le Cac 40 affiche une performance positive de 23%, l’Eurostoxx 50 de 13,4%, le MSCI Monde de 14,9%. Seul le Nasdaq avec sa médiocre performance de 2022 perd 5,9% sur la période.
Les actions, malgré une mauvaise année 2022, restent donc des valeurs sûres même en cas de turbulences. La progression de 5 à 7% annualisée des actions sur long terme reste d’actualité quand on accepte la volatilité intrinsèque de cette classe d’actifs.
Dans ce contexte agité, nous gardons notre vue positive sur les valeurs de croissance alors qu’elles ont subi une décote importante liée à la hausse des taux d’intérêt et au ralentissement de leur activité. La digitalisation, l’intelligence artificielle, la mobilité, les investissements de productivité resteront incontournables dans le monde de demain. Les valeurs technologiques sont au cœur de cette transformation.
Quant aux obligations avec dorénavant des taux de rendement réajustés, elles retrouvent de l’intérêt pour les plus prudents, mais à l’image des deux dernières années, il faut bien comprendre que la volatilité des cours existe. Néanmoins, alors que les taux courts sont souvent plus élevés ou proches des taux longs, traduisant l’inversion actuelle de la courbe des taux, nous nous intéressons à cette classe d’actifs sur des durées jusqu’à 4 ans afin d’éviter une trop forte sensibilité des portefeuilles à l’évolution des taux.
Enfin, dans une position de prudence et afin de saisir les opportunités sur les marchés d’actions, il est possible de se réintéresser aux placements monétaires dont les rendements vont suivre la remontée des taux de la Banque centrale européenne.
Je vous remercie pour votre attention et à très bientôt pour un nouveau point #HorizonMarchés.